Les mains noires et de pastel

Chapitre 1

Le soleil frappait de ses rayons Paris. La vieille capitale pourrissait sous cette chaleur assommante, les vapeurs des automobiles stagnaient entre les parois des immeubles gris, la végétation roussissait sous l’incendie de cette saison et rendait l’atmosphère lourde. Les cafés abondaient de monde, souvent irrespirables à cause de la fumée Continuez la lecture

Mai 1796

Mon cher journal.

Aujourd’hui j’ai vu l’Empereur.

Il faisait chaud cet après-midi et bien que le déjeuner aurait dû m’endormir, l’atmosphère était trop intense pour que je ne m’endorme. Une véritable tension, lourde, pesante, accompagnait alors le soleil resplendissant de Milan. Une foule noire amassée à l’entrée de la ville attendait inlassablement, dans cette fournaise, elle attendait son arrivée car tous voulaient le voir. Lorsque des bruits de sabots Continuez la lecture

Je domine

De ma hauteur, je vois tout. Je suis là depuis longtemps. Ici le silence est roi, mais les cigales chantent leurs droits et brisent cette dictature silencieuse. Je surplombe tout. Au loin la mer. Magnifique étendue d’eau, dont l’azur colore le ciel, dont le large m’appelle. Mais je ne peux l’atteindre car ma montagne sur laquelle je me trouve Continuez la lecture

Rêves

J’ai fait un rêve. Celui-là était différent des autres, car j’ai ressenti une émotion que nul ne pourrait oublier. Le début n’était pas d’une grande utilité. Je me voyais juste mes sœurs et moi dans un petit temple à animer les spectateurs dont le nombre était minime. J’en ressorti avec la plus jeune, puis tout à coup, je me retrouvai dans un wagon, Continuez la lecture

1945

Ça y est, c’est fini. De moi, de la guerre, peu m’importe. Je ne sourirai plus, que je sois libre ou enfermée. Je ne ressentirai plus, que je sois morte ou enterrée. L’être est guidé par la raison et par les sentiments. Je n’ai plus rien de tout cela. J’aimais. Est-ce un crime ? Avons-nous réellement le choix d’aimer ? Des gens me diront que oui, mais ces gens-là ne fréquentent que le bordel. J’aimais, mais je n’aimerai plus. La guerre m’a tout pris. Continuez la lecture

Le Général de fer

Au milieu de la place principale, trônait est un grand et imposant monument. Il avait été installé là pour célébrer un des nombreux héros morts au combat ; il avait subi plusieurs générations et une petite mousse verte commençait à le recouvrir. Je le regardais souvent, ce général de bronze sur son grand cheval de métal à l’allure fière, et par moment je me demandais ce que ce monument au fil des ans pouvait bien penser. Continuer la lecture de Le Général de fer

Idée reçue

Ma main munie d’un stylo, le papier attend qu’on lui écrive dessus, ma tête réfléchit, les mots s’additionnent, se divisent, se multiplient et pourtant rien ne se passe. Tout est figé. Voilà enfin l’arrivée d’une phrase, je l’écris, je la lis, je la relis, je la raye. Que faire lorsque l’idée ne vient pas ? Je ne sais même pas quelle émotion vous sera transmise. Continuer la lecture de Idée reçue

Théâtre amoureux

Jacques un homme du peuple, un homme étranger, un homme ennemi, obéit à son cœur, suit son instinct, dépasse les frontières autorisées, brave les étendues interdites et arrive au palais défendu pour lui, pour son statut, pour sa personne.

Il aperçoit alors la princesse de celui-ci, divaguant près de la ville. Il apprend alors son nom divin, Céleste, et tombe sous le charme. Elle l’aperçoit également et devint malade d’un amour passionnel. Continuer la lecture de Théâtre amoureux

Tous égaux

La colère me brûle. J’étais assise là, tranquillement à digérer mon déjeuner quand j’ai entendu des paroles. Des paroles de haine, de jugement et de moquerie. Elles m’ont agressées, poignardées, éventrées, elles m’ont blessées. Et qu’est-ce que j’ai fait ? Rien. J’ai encaissé sans répliquer, je les ai laissé faire, c’est paroles. Que disaient-elle ? Elles assuraient Continuer la lecture de Tous égaux

Je ne sais pas

Dans la classe, le silence. Seul le tic-tac de l’horloge prouve que le temps passe. Les stylos courent et remplissent le papier blanc. Les réflexions se transforment en mots, les mots en phrases, les phrases en textes, les textes en réponses, les réponses répondent aux questions, les questions exercent notre mémoire et prouvent que l’on sait. Mais savoir quoi ? Quand on ne sait pas, c’est toute cette suite logique qui s’effondre. Et moi je suis effondrée. Le temps Continuer la lecture de Je ne sais pas

Un homme désenchanté

Un homme dans une pièce. Sa tête dans les mains, ses mains humides, assis, il pleure. Tout est renversé, rien n’est rangé, les meubles sont par terre parmi les livres déchirés, les vitres cassées et les chaises brisées. Pourtant l’homme ne s’en soucie pas. Il pleure, il pleure depuis longtemps. La lumière est éteinte et la nuit s’est installée dans la pièce. Soudain sa voix brise ce silence d’après les tempêtes, il n’a plus l’habitude et son souffle haletant est irrégulier.

“ C’est impossible. Cela ne peut pas être vrai. Continuer la lecture de Un homme désenchanté

Autoportrait

Le silence. J’aime lorsque nul ne parle, lorsque l’on entend le monde humain se mouvoir mais qu’ici on n’entend même pas la respiration de l’un ou la course folle du stylo de l’autre ; quand le temps semble s’être figé. Alors dans ces moments-là, j’observe, je regarde, j’assimile les attitudes ou les comportements différents de mes camarades. Quelques fois on entend des messes basses, ou encore un reniflement par ci et par là. Puis, lorsqu’il n’y a plus rien à écouter, ni à voir je me plonge dans mes transes, je repense à mes démons, à mes rêves, à un autre monde. Puis survient la sonnerie, Continuer la lecture de Autoportrait

Le metteur en scène

j’ai la main qui bouillonne mais pas un mot ne me vient. J’aimerais m’élancer sur mon papier trop blanc, écrire n’importe quoi, des mots étrangers, des mots oubliés, sans queue ni tête, mais je ne peux le faire. Car sinon vous me prendrez pour une folle, vous m’enlèverez tout, mon petit appartement et mon travail. Ah ! mon travail ! Celui pour lequel je me suis battue depuis ma plus tendre enfance, celui pour lequel je suis restée assise sur les bancs durs et froids d’écoles durant 12 ans de ma vie, à affronter les tables de multiplication et l’ordre strict de ces institutions. Durant les récréations je passais Continuer la lecture de Le metteur en scène

Gueule cassée

Et là, je me vis. Je découvris l’horrible et triste vérité qu’était mon visage. Mon visage si bien dessiné auparavant ne ressemblait plus à rien désormais. Qu’étais-je devenu ? je m’approche un peu plus de la fenêtre afin de discerner mieux le contour de ma nouvelle façade. Un chantier sans finition ; un homme qui effrayait dans le noir les petits enfants, cachés en dessous du lit ou dans un placard ; une bête de foire ; un lion majestueux ayant perdu son prestige. Voilà bien des définitions pour décrire ce que je suis devenu. La peur me tiraille le ventre. Comment vais-je m’en sortir ? Puis vient la honte : moi, me balader Continuer la lecture de Gueule cassée