Au sommet !

Je suis arrivée. Au sommet, là-haut, au-dessus de tout, où seuls les plus grands oiseaux peuvent parvenir, sur cette île au milieu d’une mer de nuages, sur ce mont inatteignable, je suis étrangère à cette terre, je voudrais connaître chaque animal, chaque plante qui peuple cette montagne, je voudrais faire de cet endroit mon domaine, pour que moi seule puisse goûter à ce vent qui me souffle son chant puissant, pour que moi seule puisse profiter de cette terre dominante qui surplombe toute chose. Je me sens puissante, capable de tout, capable de faire trembler les autres monts semblables au mien, capable de soulever les océans, capable d’immerger les continents, capable de raser les forêts, capable de défier l’immensité de l’espace, capable de repeupler les déserts. Tout est possible. Je sens le ciel sur ma tête et la terre sous mes pieds, je me sens vivante. Vivante et forte, puissante. Le soleil se lève. Ses rayons se reflètent dans mes yeux. La bise se lève, elle souffle dans mes cheveux, elle glisse sur ma peau, elle réactive mes poumons que l’humanité avait détruits, c’est un vent guérisseur, il ravive les morts, soigne les malades, donne du courage aux plus démunis, renforce les armées, donne de la force aux plus âgés, c’est un vent puissant qui comme moi est capable de tout. Et cette terre, cette terre où l’on sent la vie battre sous elle, cette terre où l’on sent qu’elle tremble, qu’elle regorge d’énergie, il nous suffit de creuser pour trouver ce que l’on désire le plus. Un aigle traverse le paysage, ce roi, cet animal du ciel, Ce rapace majestueux emblème des plus grandes nations, emblème du ciel. Il dirige le vent à sa volonté, il décide de chaque vie qu’elle soit terrestre ou marine, qu’elle soit bonne ou mauvaise. L’aigle est un dieu parmi les dieux surplombant tout. Je reste là. À regarder, à me ressourcer, à revivre, à renaître, à contempler le paysage panoramique, à contempler la beauté naturelle. Je suis bien. Je sens mon sang couler dans mes veines, je ressens chaque particule en moi qui vibre, je ressens chaque atome de mon corps qui grouille de vie, je suis étrangère et pourtant j’ai l’impression d’être là depuis toujours, je me familiarise avec cette herbe folle, avec ce paysage qui est maintenant le mien. Le soleil termine sa course, je ne veux quitter ce monde où la magnificence est à son comble, pourtant il le faut. Je me lève, j’arrache mon regard de ce songe réel. Je marche, mes jambes sont ankylosées par le temps passé mais seul ce mont trône dans ma tête. Je m’en vais rejoindre le gros des profondeurs, je m’en vais rejoindre le monde.

 

Décembre 2018

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